Un mur imbibé, un sol humide ou un sous-sol inondé, il n’y a pas plus désagréable ! Pour  y remédier, mieux vaut faire le plein de renseignements et de connaissance sur ces sujets. Mise en place de dalle, construction de fosse, vérification d’étanchéité, pompage automatique, technique d’imperméabilisation… Il faut tout savoir sur les causes et les solutions adaptées à chaque situation !

Infiltrations par le terrain :

Le sol et le sous-sol sur lesquels est édifié un bâtiment sont de véritables éponges qui absorbent une très grande partie de l’eau de pluie. Celle-ci rejoint ensuite les nappes phréatiques, les sources puis les cours d’eau, lorsqu’elle n’est pas absorbée par la végétation ou évaporée par le soleil. Contrairement aux croyances populaires, l’eau dans le sol forme rarement des lacs et galeries souterrains. Il faut, pour cela, une structure de sol particulière et des millions d’années d’érosion, configuration qu’on trouve dans les Causses par exemple. Mais le plus souvent, l’eau est conservée dans des matériaux poreux, hydrophiles, coincés entre des couches imperméables, en argile par exemple.

De ce fait, lorsque l’eau est abondante, le sol gonfle et, en cas de sécheresse, il s’affaisse. Selon leur disposition et leur emplacement, ces poches prennent le nom de nappes d’eau, phréatique ou aquifère. Lorsque le niveau de la nappe remonte et dépasse le point bas des fondations, l’eau exerce une pression sur la maçonnerie et la traverse par des fissures : la cave est inondée.

Dans les constructions neuves, en présence d’une nappe, les fondations sont isolées du terrain environnant par un procédé de cuvelage, qui relève d’une intervention professionnelle : il s’agit de poser une dalle étanche qui recouvre tout le sous-sol. C’est un moyen radical pour éviter les infiltrations et remontées capillaires, mais qui nécessite de traiter par ailleurs le problème d’humidité pour ne pas se contenter de le déplacer.

Dans de l’ancien, la technique consiste à appliquer un enduit d’étanchéité (cf. p. 44) à l’extérieur des fondations après avoir creusé une fosse, et à imperméabiliser la dalle en sous-sol, voire à la construire lorsqu’elle n’existe pas. La mise en place d’une bande plastique armée (cf. photo ci-contre) préserve la couche d’imperméabilisation de son environnement. Cette technique d’imperméabilisation est valable lorsque les infiltrations sont limitées au simple suintement des murs, mais si votre cave est inondée après chaque période de fortes pluies, n’attendez pas de miracle. Prévoyez malgré tout un système de pompage automatique, au débit suffisant pour faire face à la montée des eaux.

Remontées capillaires :

Les remontées capillaires se manifestent par une zone humide, localisée de façon nette au bas des murs, sur une hauteur qui peut atteindre 1,50 m. De même que sur un morceau de sucre, l’eau remonte sur les murs poreux par les capillaires, de minuscules réseaux qui font partie de la structure interne du matériau. Elle est stoppée par l’évaporation et par la force inverse exercée par la gravité terrestre, ce qui explique la netteté de la limite constatée. Le seul moyen d’éviter ces remontées est de réaliser une barrière étanche dans l’épaisseur même du mur. En effet, l’imperméabilisation des parois ne limite pas le phénomène. Au contraire, en réduisant l’évaporation naturelle, elle l’amplifie.

Dans le neuf, les remontées capillaires sont stoppées par la mise en place d’une bande de rupture en pied de mur.

Dans l’existant, la technique consiste à injecter un imperméabilisant, selon plusieurs méthodes possibles :

– le traitement par gravité (cf. p. 50) : l’imperméabilisant est versé dans des godets plantés dans le mur et s’écoule en quelques heures, mais il faut attendre de 6 à 12 mois pour que le mur soit asséché. Durant toute cette période, le côté intérieur du mur doit être laissé libre de tout revêtement ;

– le traitement par injection est comparable au précédent, mais le produit est injecté sous pression à l’aide d’un compresseur et d’un pistolet airless. Cette technique est à réserver à une intervention professionnelle ;

– le traitement par assécheurs, une technique simple et exempte de produit chimique : des drains, en terre cuite ou en PVC, permettent l’évaporation de l’humidité contenue dans le mur. Un contrôle annuel doit permettre de vérifier l’état des assécheurs et s’ils ne sont pas obstrués ;

– le traitement électronique : deux séries d’électrodes reliées par un fil conducteur sont plantées, l’une dans le mur, l’autre dans la terre. Le principe d’électro-osmose renvoie vers le sol l’eau qui tente de monter dans le mur. C’est un procédé naturel, qui ne dégrade pas les murs, mais assez onéreux.

Réaliser un drainage :

Pour arrêter les infiltrations ou les remontées capillaires au travers des murs en sous-sol, la solution idéale est le drainage.

Il faudra pour cela dégager tout autour des murs de fondation jusqu’au socle. À la pelle et à la pioche, c’est là un travail fastidieux et long. Il y a toujours la possibilité de louer une minipelleteuse, facile d’emploi et pour un prix relativement raisonnable.

Les murs extérieurs une fois entièrement dégagés jusqu’à la semelle devront être parfaitement nettoyés et débarrassés de toute terre. Utilisez pour cela un nettoyeur à haute pression. Laissez sécher quelques jours puis enduire le mur d’un produit bitumineux ou d’un enduit caoutchouté (latex). Appliquez le produit choisi au rouleau en  deux couches croisées successives, en veillant à bien laisser sécher la première.

Le drainage consiste à collecter les eaux avant qu’elles ne pénètrent dans les murs ou qu’elles ne stagnent autour, pour les diriger vers un point d’évacuation (tout-à-l’égout ou puits perdu). Un drainage est constitué d’un drain (tuyau en PVC percé de petits trous) et d’un système de filtre composé par des couches d’agrégats de différentes granulométries, visant à empêcher que des éléments solides (boue, sable très fin) ne viennent boucher le drain. Le drain sera posé sur un socle de béton (hydrofuge de préférence) incliné d’1 cm par mètre, un peu en dessous du socle de fondation.

En cas d’inondation :

Contrairement aux désordres provoqués par une tempête, les conséquences d’une inondation se font sentir bien des mois après la survenue de la catastrophe. L’eau s’infiltre par tous les interstices, remplit les gaines électriques, gorge les murs et les doublages isolants. Le séchage est extrêmement long. Il nécessite une ventilation permanente ou l’utilisation d’absorbeurs électriques.

Ne cherchez pas à tout remettre en état rapidement. Les murs devront être débarrassés de tous leurs revêtements susceptibles de se dégrader ou d’empêcher les enduits de sécher, isolation comprise. En outre, dans certains cas, le retrait de l’eau s’accompagne de la modification de la structure du sol qui provoque des tassements ou des glissements de terrain à l’origine de l’apparition de fissures importantes.

Enfin, les travaux de remise en état doivent tenir compte du risque de renouvellement de l’inondation.

Photographe : Alain Thiébaut