Du haut vers le bas, c’est le trajet classique d’une infiltration. Mais dans le cas des murs, le sens peut être horizontal voire du bas vers le haut ! Voici tous les cas de figure que l’on peut rencontrer, leurs causes et leurs conséquences.

Les fissures :

Le sol sur lequel est construit un bâtiment n’est jamais stable. Il réagit en  fonction de l’activité sismique, de la pente, de la pression de l’eau (nappe  phréatique, alternance pluie/sécheresse), de la température (gel/dégel), de la masse du bâtiment lui-même, de la végétation (racines,…), de l’activité humaine (mines, galeries, trafic routier,…), etc. À cela, s’ajoutent l’action du vent et les lois de la pesanteur. Tous ces mouvements sont sources de fissures : si certaines sont anodines, d’autres doivent être surveillées de près car elles menacent la stabilité même du bâtiment. Les fissures les plus courantes ne touchent que l’enduit. Il s’agit par exemple du faïençage (photo ci-contre), qui dessine un maillage de microfissures à la surface de l’enduit.

Tout savoir sur les infiltrations par les murs et les ouvertures

D’autres, un peu plus larges, se développent sans suivre de lignes précises et peuvent se ramifier. Dans les deux cas, un ravalement soigné remet en valeur la façade et suffit à traiter les fissures.

 

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Si l’enduit est décollé, il doit être piqué au marteau et au burin. Vous pourrez alors  facilement vérifier si la fissure ne concerne que l’enduit ou si elle se prolonge dans toute l’épaisseur du mur. S’il ne s’agit que d’un problème d’enduit, refaites-le à l’identique. En revanche, lorsque la fissure se développe sur toute l’épaisseur d’un mur, il en va tout autrement. Ces désordres suivent généralement des lignes droites, horizontales ou verticales, avec des changements de direction le long de l’appareillage des moellons. La fissure est visible de l’extérieur et se retrouve sur l’enduit intérieur. Pour savoir si la fissure est stabilisée, utilisez un témoin. Une fissure stabilisée ou à évolution lente ne présente pas de danger particulier. Vous pouvez la reboucher sans difficulté à l’aide d’un mastic. En revanche, si le témoin signale une évolution rapide, faites appel à un professionnel pour l’expertiser et la traiter. La cause peut se trouver dans un affaissement du sol ou une modification des reprises de charges du bâtiment suite à des aménagements.

Les ruissellements, éclaboussures, murs poreux :

Les enduits modernes, à base de ciment, sont imperméables à l’eau. En revanche, les enduits traditionnels, à base de chaux ou d’argile, sont de véritables éponges et doivent impérativement être protégés contre les projections d’eau. Toutefois, quelle que soit sa nature, aucun enduit n’est conçu pour supporter le ruissellement permanent provoqué par des gouttières en mauvais état ou les éclaboussures d’un bord de rue passante. L’eau finit par pénétrer et s’infiltrer entre l’enduit et la maçonnerie, ce qui conduit inévitablement au décollement de l’enduit. Le réparer localement ne sera pas d’une grande utilité si vous ne corrigez pas la cause.Vous devez donc maintenir vos gouttières en parfait état. Dans le cas d’éclaboussures régulières, le revêtement imperméabilisant (cf. p. 48) est une parade efficace. Il s’agit d’un liquide incolore qui ne modifie pas l’aspect. Microporeux, il permet à la façade de « respirer », donc à l’humidité intérieure de s’évacuer dans de bonnes conditions. Cet imperméabilisant est également valable pour les maçonneries anciennes, appareillées en pierre, souvent humides même sans fissures réellement établies. La maçonnerie n’étant pas homogène, l’humidité s’infiltre facilement par les joints et les pierres poreuses. L’application d’un imperméabilisant permet alors de protéger le mur depuis l’extérieur, mais également de retarder l’encrassement de la façade : en ville en effet, les polluants sont colportés par l’humidité, tachent les surfaces en profondeur et peuvent détruire la structure des pierres.

Les ouvertures :

Fenêtres et portes constituent des points d’entrée privilégiés pour la pluie projetée par le vent. Les infiltrations les plus courantes concernent les liaisons entre la maçonnerie et la menuiserie. Les deux éléments ne réagissent pas de la même façon aux contraintes extérieures, d’où l’apparition d’espaces entre le cadre dormant d’une fenêtre et le tableau (cf. photo ci-contre). Ces défauts seront facilement corrigés avec un mastic élastomère.

 

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L’eau peut aussi s’infiltrer par les joints entre les éléments battants (mobiles) et le dormant (partie fixe) de la menuiserie : la fenêtre ou la porte coincent, le jeu n’est pas régulier, la pluie en profite. Pour y remédier, rectifiez les frottements au rabot, puis posez un joint d’étanchéité, à l’air et à l’eau, comme un boudin de mousse, un joint profilé en V, élastomère ou métallique. La dernière cause d’infiltration par les ouvertures est le fait d’un défaut de pose. Toutes les menuiseries reposent sur un rejingot : le bord arrière, relevé, de l’appui maçonné. Ce rejingot est destiné à éviter que la pluie ne s’écoule sous la menuiserie ou stagne en dessous et la fasse pourrir. Une fenêtre mal posée repose en plein sur son appui, ce qui provoque inévitablement des infiltrations. Dans ce cas, s’agissant d’un désordre de pose, faites jouer la garantie décennale et faites reposer l’ouverture.

Photographe: Alain Thiébaut